LES NOUVELLES
17 Mai 2021
Journée Internationale contre l’Homophobie et la Transphobie
Port-au-Prince, le 17 Mai 2021
A l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie
et la transphobie, le 17 mai, la septième émission d’AGORA, Chita Pale sou Dwa Moun aborde plus généralement la situation des personnes LGBTI en Haïti : Tolérance/intolérance de la société ? Quels sont les progrès et d’où viennent les blocages ? Comment la presse doit jouer
un rôle dans la sensibilisation et l’évolution de la société face à la communauté M ? Retrouvez ces questions et leurs éléments de réponse dans l’émission débat du 17 mai.
« L’Union européenne défend les valeurs des droits humains, la non-discrimination et le respect des individus. Les communautés LGBTI sont victimes d’exclusion basée sur l’intolérance d’une société qui ne veut pas accepter et respecter que des personnes soient différentes. » C’est ainsi que Marveliz Roa, chargée des programmes Droits Humains pour l’Union européenne décrit la position de l’institution européenne.
Autour de Luckner Garraud, plusieurs personnalités apportent leurs éclairages sur la situation de la « communauté M » comme on la désigne en Haïti. « Intolérance, stigmatisation et déni de justice ! », Renan Hédouville, évoque en préambule une situation est accablante en évoquant les agressions dues à cette forme d’intolérance et en s’insurgeant contre l’absence d’enquête sur la mort mystérieuse de Charlot Jeudy, le représentant de Kouraj, disparu en novembre 2019.
« Nous vivons dans une société caractérisée par une intolérance. Cette forme d’intolérance entraine des cas de violence, d’agressions physiques, psychologiques, verbales etc. » Cette situation d’intolérance semble en partie liée à l’éducation et la culture judéo-chrétienne de la société haïtienne explique Jean Ronald Joseph, professeur en sociologie à l’UNIQ et en Sc. Politiques à UEH. « En Haïti la représentation sociale est submergée par des valeurs judéo-hrétienne et des valeurs « hétéro-normées » par rapport à la sexualité. Ainsi l’homosexualité est considérée comme anormale et considérée comme un péché à cause du poids de la chrétienté dans la culture haïtienne. »
Hetera Estimphil, qui préside l’association KOURAJ la première organisation militante LGBT haïtienne en Haïti, représentait cette communauté sur le plateau de l’émission. Accompagnatrice psychosociale, éducatrice en droits humains, spécialiste en genres, elle
évoque cette intolérance dans une approche plus large encore. « En Haïti la question de sexualité est taboue, même la sexualité que l’on prend comme « norme ». Quand on fait partie d’une communauté minoritaire c’est encore plus difficile. C’est difficile des déconstruire les stéréotypes mais la sensibilisation et la formation peuvent aider ». Interrogée sur la position religieuse, elle explique : « L’église projette un modèle homophobe alors que Jésus n’était ni homophobe, ni intolérant, et il est un modèle dans l’histoire... et nous nous militons pour l’affirmation des individus, de leur identité propre. »
Faire évoluer la société et son regard sur la communauté M ne pourra se faire sans l’appui des médias, comme leaders d’opinion et vecteurs d’information. « Il y a une certaine hypocrisie au sein de la société. Certaines communautés pensent que l’homosexualité est une maladie. »
explique Laura Louis, journaliste à Ayibopost et auteure de plusieurs articles sur la communauté M. « La presse doit informer et respecter les droits humains, elle a le devoir de relayer ce que certains vivent. Lorsque l’on regarde les commentaires sur un article, on peut être choqué de l’homophobie que cela déchaine, mais en même temps, cela permet aussi les témoignages de gens qui vivent l’homosexualité et ne peuvent l’exprimer. »
« AGORA, Chita Pale sou Dwa Moun », est une série de rendez-vous dont l’objectif est de mettre en présence, pour chacune des Journées Internationales et Mondiales retenues, des acteurs des Droits Humains concernés par ces sujets. Ils seront diffusés sur les réseaux sociaux et la chaîne YouTube de la Délégation de l’Union européenne en Haïti.
AGORA